Journal de bord – n°06 Paso Cardenal Samoré

Le 27 novembre 2019 – de Entre Lagos à Villa la Angostura

Mercredi 27 novembre : Paso Fronterizo Internacional Cardenal Antonio Samoré

Le nom du col et plus particulièrement sa longueur est à la hauteur de la difficulté de l’étape du jour (sans parler de dénivelé) !
On savait qu’on allait avoir une journée difficile de par la distance à parcourir ainsi que le dénivelé à avaler. On savait également qu’on partait pour une journée plutôt froide et pluvieuse. Peu importe, il faut le faire et on a envie de basculer du côté Argentin ! Accessoirement et pour une question de visa, on doit passer au minimum 72 heures en dehors du Chili après 3 mois. On se couche pas trop tard et on met un réveil (oui, un réveil) pour essayer de partir tôt …

8 heure du matin, on s’active avec Carine pendant que Faustine dort encore. On prépare le petit-déjeuner et on commence à plier bagages. Une fois réveillée, on constate que le pipi a débordé pendant la nuit ! Elle en a plein le body, le pyjama, le sac de couchage et le matelas. On ne se démonte pas, on essaie de sécher ou aérer un peu tout ça et on continue les préparatifs. 10h30 on lève le camp enfin. On attaque l’ascension de bonne humeur malgré la grisaille (il ne pleut pas et c’est déjà une victoire).

L’étape du jour peut se diviser en 3 parties, au final il y en aura 4 mais un peu de patience …
La première partie, la plus courte, consiste à avaler 5 kilomètres et quelques 100 mètres de dénivelés pour atteindre la frontière chilienne. Les formalités administratives à la douane ne nous font pas perdre trop de temps, tout va pour le mieux jusqu’ici ! On profite même pour acheter deux sandwichs et un peu de réconfort (des bonbons pour Paride).

La deuxième partie est la plus difficile mais on le savait. Il faut atteindre le col qui culmine à 1321 mètres. Il faut donc avaler 22 kilomètres et 1100 mètres de dénivelés. A savoir également qu’entre les deux frontières c’est un no man’s land perdu au milieu du parc national Nahuel Huapi (protégé et donc interdit d’y camper ou y faire un feu). De toute façon il fait beaucoup trop froid pour, ne serait-ce que penser, y planter la tente. On savait également que les pentes seraient raides et longues. La pluie s’installe et les températures chutent, c’est à ce moment-là que Faustine « décide » d’en avoir marre. La fatigue aidant, une petite tension s’installe et Paride est de plus en plus tendu. Carine intervient et nous trouve un « super » emplacement pour la pause de midi : un hangar abandonné avec plein d’ordures 🙂 Heureusement on est un peu à l’abri du vent et surtout sous un toit ! Il fait quand même très froid et du coup on ne s’éternise pas. Paride a les pieds gelés et l’ascension est encore longue !

A peine partis, Faustine s’endort. Chouette, maintenant on n’a plus qu’à souffrir pour la deuxième moitié. On bénéficie d’un petit répit avec une légère descente dans une petite cuvette où les paysages sont époustouflants. Malheureusement il fait beaucoup trop froid pour s’y attarder. On remonte après cette cuvette et on attend impatiemment la fin de l’ascension. Finalement, on aperçoit ce foutu panneau du col ! C’est fini ! On l’a fait ! On est morts mais heureux ! Ouf et bravo à nous trois !

La troisième partie est un peu la cerise sur le gâteau ! On arrive en Argentine et on attaque ce nouveau pays par une longue et belle descente. Mais avant de s’élancer il faut se couvrir un peu : gants, veste, bandeau, bonnet, k-way ! Les paysages sont époustouflants ! La route est agréable et quasiment déserte. On croise quelques motards qui nous félicitent au passage et quelques camions qui nous doublent avec beaucoup de respect ! Arrivés au fond, on passe la douane Argentine. En sortant de la remorque, Faustine dit à papa qu’elle a fait dodo. Je lui avais demandé (Paride) de m’aider pour la montée parce que j’avais besoin d’elle. Elle est tout simplement formidable cette petite ! Encore quelques formalités administratives qui sont vite réglées. On peut repartir pour trouver le logement dans les parages et dans la bonne humeur !

La quatrième partie, qu’on n’avait pas prévue, pourrait se décrire comme : la claque après la cerise ! Pas de logement ! En discutant avec des gens au bord de la route, Carine trouve un plan qui a l’air assez foireux (pas de chauffage ni de sanitaires). On décide de continuer malgré la fatigue. Destination : Villa La Angostura ! Encore 25 kilomètres et quelques petites montées … C’est de plus en plus dur pour Carine et Paride. Les petites montées deviennent insurmontables et Paride est obligé de pousser le vélo avec la remorque. Les paysages entre ces lacs sont très beaux malgré la fatigue. L’arrivée dans la ville est interminable mais on finit par y arriver ! C’est assez paradoxal mais on est lessivés, détruits, éreintés, usés et j’en passe et malgré tout ça on a un sourire figé sur nos lèvres. On est surtout très fiers de nous ; on a eu un peu peur mais on a pu surmonter la difficulté tous les trois ensembles ! Trêve de niaiseries, on file à la première pizzeria commander deux bières et deux pizzas avant de s’envoyer trois desserts !

En résumé, on a avalé 70 kilomètres, 1470 mètres d’ascension et le tout en 6h45 (sur la selle). Partis à 10h30 on est arrivés à 20h ! On a un peu galéré pour trouver un logement mais au final tout s’est bien passé et on se jette dans les lits pour récupérer un maximum.

Je savais qu’en partant voyager de la sorte on allait souffrir, je savais que je ne pourrais pas toujours tout maitriser non plus. Ce que je ne pouvais pas quantifier en contre-partie c’est la charge mentale que ça pouvait représenter. L’homme prend ses responsabilités pour mener à bon port sa petite famille, c’est un peu cliché et ça se passe sans qu’on le veuille vraiment. La force physique le veut ainsi. Heureusement, la force ne fait pas tout ! J’ai pu me surpasser aujourd’hui grâce à ma femme ! Elle a su gérer tout le reste et m’épauler. C’est elle seulement qui sait ce qu’il faut me dire quand c’est trop dur. Sans elle je suis incapable de surmonter une telle épreuve ! Désolé pour vous tous, je suis égoïste et la garde jalousement !

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4 commentaires pour “Journal de bord – n°06 Paso Cardenal Samoré

  1. Salut LES PLOUCS!!!!

    Sacré aventure que vous nous partagez…

    Je vous embrasse fort et profitez à fond de tous ces moments, même les moins agréables.

    Bravo à vous trois.

  2. Très bel article qui m’a émue et aussi un bel hommage à Carine. Bravo et merci beaucoup de nous faire participer à cette belle aventure. Bisous à vous 3 !!!

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